Á Bâtons Rompus Avec Coco Mbassi, la Diva de la Musique Camerounaise
Artiste camerounaise basée à Londres, (Grande Bretagne), Coco est la gagnante 2001 du prix « Découvertes » de Radio France Internationale avec la chanson “Muenge Mwa Ndolo.” Son premier album (Sépia) fut nominé en 2002 pour la BBC Radio 3 World Music Awards et a remporté plusieurs prix aux World Music CD Critics Awards en Allemagne. Actuellement en tournée avec Totem (Cirque du Soleil) en tant que voix principale féminine pour la production, nous sommes heureux de partager avec vous, le fruit de notre conversation avec l’une des meilleures voix de la musique camerounaise., Coco Mbassi,
CTM: Bonjour Coco et merci d’accorder cette interview au journal touristique Cameroon Traveler magazine. Les Camerounais d’un certain âge, ne connaissent que très peu Coco Mbassi. Peux-tu te présenter à eux et aux autres mélomanes qui te suivent à travers le monde? Qui es-tu? Comment es-tu arrivée à la musique?
COCO: Je suis une femme chrétienne, épouse, mère, chanteuse… Je dirais que la musique est arrivée à moi dès ma plus tendre enfance et non l’inverse… Je chantais dès mon plus jeune âge et j’ai été élevée par des parents mélomanes qui écoutaient Toto Guillaume, Dina Bell, Eboa Lottin, James Brown, Otis Redding, Claude François, les Fleurs musicales du Cameroun, Miriam Makeba –ma maman-, et Beethoven, Haendel, Duke Ellington, Fela, le highlife ghanéen, Manu Dibango ou Mahalia Jackson (papa). À l’église le dimanche j’écoutais la chorale chanter. La radio m’a permis de découvrir les musiques traditionnelles du terroir, du manganbeu à l’assiko et surtout les musiques du sud du Cameroun, mais aussi la salsa, la rumba congolaise etc. D’autre part mon père jouait de la guitare et sa maman, des frères et lui chantaient très bien. C’est d’ailleurs sa tante qui chante a cappella avec moi dans mon DVD (Coco Mbassi Tour). Comment ne pas aimer la musique dans ces conditions ? Je participais notamment aux concours de chant présentés par Johnny 33 au cinéma (avant les films) à Yaoundé où j’ai passé mon enfance, et j’y ai vécu jusqu’ à l’âge de 14 ans, puis j’ai quitté le Cameroun.
CTM: Comment tes parents ont-ils réagi lorsque tu leur as dit que tu ferais la musique au lieu d’être médecin ou avocat comme tous les parents de l’époque?
COCO: Il était évident pour tous ceux qui me connaissaient que j’étais musicienne, dès l’enfance mais bien-sûr mes parents trouvaient qu’une carrière de musicienne était risquée. J’ai essayé de suivre la voie tracée par mes parents, après le bac (à Paris) je suis allée en faculté de médecine mais cela n’a pas duré. Ensuite j’ai été à une faculté de langues – toujours pour mes parents, mais ce n’était déjà plus dans ‘mes cordes’…je ne la terminerai que bien plus tard. Mon père a fini par accepter ma carrière musicale, mais cela fait plus d’une décennie qu’en plus de ma carrière musicale, j’étudie au niveau supérieur, cette fois-ci c’est mon choix personnel. J’aime la stimulation intellectuelle et je suis une de ces personnes qui ne s’épanouissent vraiment qu’en ayant une diversité d’activités.
CTM: Que représente l’année 1996 dans ta carrière? Veux-tu bien nous dire ce qui se passe après?
COCO: En 1996, j’ai gagné le concours des Découvertes de RFI, et une tournée a suivi. Cela m’a permis de tourner et de me familiariser avec la scène. Serge Ngando (qui est mon époux) et moi avons produit mon premier album (Sepia, Tropical Music/BMG) 5 ans plus tard, en 2001, et RFI a énormément contribué à sa promotion en radio bien-sûr mais aussi concrètement dans les magasins et points de vente. Cela m’a donné une grande visibilité, et en 2003, le deuxième album est sorti (Sisea, Tropical Music/BMG).
CTM: Quand as-tu quitté le Cameroun?
COCO: J’ai été envoyée par mes parents en France en 1983 pour continuer mes études secondaires.
CTM: Dans ta carrière musicale, tu as côtoyé des grands noms de la musique africaine et mondiale, quels sont ceux qui t’ont particulièrement marquée?
COCO: Je dirai que tous les artistes avec qui j’ai travaillé m’ont marquée, certains plus que d’autres… Je citerai quelques noms : Salif Keita, Toto Guillaume, Georges et Marilou Seba, Michot Din – que beaucoup ne connaissent que comme le compositeur et arrangeur de «Nen Lambo» (Bill Loko), Manu Dibango, Dina Bell…il m’est impossible de les citer tous.
CTM: Comment te définis-tu, Coco en tant qu’artiste?
COCO: Ai-je besoin de me définir ? Pour moi les choses sont simples : je crée de l’Art, s’il plaît, gloire à Dieu et merci au public, s’il ne plaît pas, gloire à Dieu –parce qu’Il me donne la force de m’améliorer- et au boulot !
CTM: Quel regard portes-tu sur la musique camerounaise d’aujourd’hui? Penses-tu comme beaucoup que la scène musicale camerounaise est aujourd’hui plus remplie d’animateurs que d’artistes musiciens véritables?
COCO: Je ne me permettrai pas de juger la qualité artistique des œuvres d’une autre personne ; à chacun sa croix et ses responsabilités. Je voudrais laisser une trace, des œuvres dont mes enfants n’auront pas honte, et cette tâche m’occupe suffisamment. Ceci dit, parmi la jeune génération d’artistes camerounais, il y en a dont j’apprécie beaucoup le travail. J’ai également constaté que le niveau de chant progresse beaucoup au Cameroun…et c’est une bonne chose. Ouvrons des écoles de musique !
CTM: Est-ce normal qu’en 2012, le pays qui a vu naître les Manu Dibango, Francis Bebey, Eko Roosevelt, Anne Marie Nzié, Dina Bell, Toto Guillaume, Coco Mbassi, Mekongo Président, Richard Bona et autre Talla André-Marie et Ali Baba ne dispose pas de salles de spectacles et de cinéma?
COCO: Au-delà d’un jugement sur l’état des choses, je pense qu’il faut agir. Notre ministère de la culture pourrait créer des espaces pour la musique, la danse, le théâtre etc…entre autres (n’oublions pas les arts plastiques) et/ou des mécènes pourraient mettre des espaces à la disposition de la nation, partout au Cameroun (pas seulement dans les grandes villes).
CTM: Coco, as-tu déjà été en spectacle au Cameroun? Quelles impressions?
COCO: Oui j’ai joué aux Remy il y a longtemps et jusqu’à ce jour je n’ai pas été payée ; mon époux et moi avons dû payer les musiciens de notre poche. J’ai ensuite joué au Palais des Congrès a Yaoundé en Août 2004, et les autres spectacles prévus ont été annulés – je cite l’organisateur – «faute d’argent». Puis mon époux et moi avons organisé deux spectacles au CCF de Douala en décembre 2004 – un grand succès et quel plaisir de se produire dans son pays. Ensuite il y a eu le festival Massao en 2005 – je ne suis pas montée sur scène …faute de cachet. J’ai eu des propositions ratées, des promesses non-tenues, des avances jamais envoyées…mais je garde espoir. J’attends des propositions sérieuses… et j’ai terminé mon nouvel album donc il y aura des nouveautés.
CTM: Entretiens-tu des relations avec d’autres artistes Camerounais?
COCO: Bien sûr ! Hormis les collaborations sur mon album Sisea (avec Manu Dibango, Richard Bona, Etienne Mbappé), Serge et moi avons composé une chanson pour le deuxième album de Charlotte Dipanda. J’ai également été invitée à faire un duo sur scène à Londres en 2011 par (et avec) Muntu Valdo. Il y a aussi bien sûr la chanson avec laquelle j’ai gagné le prix des Découvertes de RFI.
CTM: Coco, il y a quelques mois disparaissait un des meilleurs de la basse camerounaise et mondiale, Papa Noël Ekwabi. Comment as-tu appris la nouvelle et qui était Noel Ekwabi?
COCO: J’ai appris la nouvelle par email ; ma cousine et ma sœur m’ont informée. J’ai connu Noël en 1992 si ne je me trompe pas. Il a composé la musique de la chanson Muengue Mwa Ndolo avec laquelle j’ai gagné le concours de RFI, et j’ai écrit les paroles. Noël était très humain, joyeux et très positif. Il a marqué beaucoup de monde, son passage sur terre laisse des traces positives.
CTM: Coco, nous savons que tu es artiste, épouse et mère: que ton mari est membre de ton groupe musical. Est-ce facile de travailler avec sa moitié dans le monde musical qui est le vôtre? Comment parviens-tu à réconcilier ta vie privée et publique sans grand fracas?
COCO: Mon mari n’est pas seulement un «membre de mon groupe musical», il en est le chef d’orchestre et sans lui mes albums auraient une couleur très différente puisqu’il les réalise en studio et fait la plupart des arrangements. Il est facile de travailler entre professionnels quand on sait ce qu’on fait et ce qu’on veut ; travailler avec mon mari n’est pas plus difficile que travailler avec quelqu’un d’autre. À partir du moment où on se respecte tout va bien. Ma vie privée est privée et n’a donc rien à voir avec le public … Point besoin de «fracas».
CTM: Quels sont tes projets pour l’avenir?
COCO: Mes projets musicaux ? Sortir le nouvel album, et faire des projets musicaux un peu différents…il est trop tôt pour en dire davantage.
CTM: As-tu jamais songé à digitaliser tes albums afin qu’ils soient plus facilement commercialisables et disponibles sur des programmes/sites comme iTunes ou Amazon?
COCO: Mon album Sisea est sur iTunes : http://itunes.apple.com/gb/artist/coco-mbassi/id135222087 et certaines chansons sont disponibles sur iTunes US : http://itunes.apple.com/us/artist/coco-mbassi/id135222087.
Je ne m’en occupe pas personnellement ; c’est le travail des maisons de disques.
CTM: Merci Coco Mbassi d’avoir offert un moment de conversation à tes fans, as-tu un dernier mot et où peut-on se procurer de ta musique?
COCO: Il reste des albums en vente sur Internet (Amazon, iTunes etc.) ainsi que mon DVD live Coco Mbassi Tour (sorti en 2005).
Toutes les informations sur mes projets à venir et mes concerts sont publiées sur : http://www.reverbnation.com/cocombassi
Le site http://www.coco-mbassi.com n’existe plus. Pour me contacter il suffit d’envoyer un email à conserprodltd@yahoo.co.uk.
Propos recueillis par Trésor Yoassi et Germain Pichop
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