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Chemin d’un Retour aux Racines Ancestrales

Ces Américains qui ont retrouvé leurs origines au pays des Lions Indomptables

Par: G.N.P et T.Y.

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Oprah Winfrey (Photo credit: Wikipedia)

Depuis quelques années, de milliers de Camerounais quittent le pays pour aller se redéfinir dans des contrées bien loin du triangle national. Si dans les années 70-80, la France et l’Europe en général étaient les destinations naturelles, force est de reconnaître que de nouveaux horizons se sont ouverts. L’Afrique du Sud, l’Asie et notamment la Chine, il n’est pas jusque dans les Caraïbes où on ne rencontre des Camerounais. Parmi les nouvelles destinations, les États-Unis occupent une place de choix notamment grâce au programme gratuit Electronic Diversity Visa (DV) qui donne la chance aux familles du monde entier la possibilité d’obtenir un visa d’entrée sur le sol Américain au terme d’un tirage au sort. Parmi ces Camerounais qui vont aux USA, se trouvent ceux qui s’y rendent de leurs propres moyens, alors que d’autres sont parmi les heureux élus de la fameuse loterie DV. Ainsi pendant que les regards sont généralement braqués sur ceux-là qui choisissent de partir loin de la terre natale en silence (par exemple la fugue des athlètes nationaux aux derniers jeux olympiques), certains illustres personnages, qu’à priori rien ne rattacherait au Cameroun, choisissent de faire le chemin inverse après avoir découvert – avec bonheur et surprise nous l’espérons – que leurs ancêtres étaient tous des natifs du pays de Manu Dibango, Eto’o Fils, Roger Milla, Um Nyobe, Mongo Beti et autre Leonora Miano.

Nous ne parlons pas ici de ceux des Camerounais qui ont été désillusionnés à leur arrivée au pays de l’oncle Sam, ou de ceux-là qui, leurs études achevées, ont voulu retourner au pays natal. Nous évoquons ici des Américains pur-sang qui ont choisi de plonger dans la mémoire individuelle et collective, à la recherche de leurs traces mémorielles et généalogiques.

La reconstitution de l’arbre généalogique est un exercice très prisé en Occident en général et au pays de Barack Obamaen particulier, où mis à part les

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India Arie performing in Lokeren Belgium 3-8-2004 (Photo credit: Wikipedia)

Amérindiens, tout le monde viendrait d’ailleurs. L’exercice de reconstruction de l’arbre généalogique a toujours été une activité de recherche, d’abord historique, mais qui au fil des progrès de la science génétique avec le développement de la technique des tests de l’ADN, s’impose aujourd’hui comme un outil incontournable dans la recherche de nos origines. Des structures privées et des projets académiques ont étés initiés pour aider les américains à retracer leurs origines. C’est le cas notamment de l’African Ancestry Inc., un institut privé basé à Washington DC, et du projet « African American DNA Roots » basée à l’Université du Massachusetts. Ces découvertes ont été vulgarisées par les travaux et la série télévisée « Faces of America » produite  par Pr. Henry Louis Gates Jr., Directeur de l’Institut W.E.D. Dubois pour les études Africaines et Afro-Américaines à l’Université de Harvard, et diffusée  sur PBS, une chaine de télévision à vocation éducative et culturelle aux Etats-Unis.

Condoleeza Rice

Condoleeza Rice (Photo credit: Wikipedia)

Pour les Afro-Américains, cet exercice leur permettrait de se réconcilier avec leur histoire grâce à un retour à priori impensable à leurs origines. Pour eux c’est une occasion de retrouver les parents inconnus, et peut-être de contribuer au développement de leur continent d’origine. La grande majorité des Caméricains (comme ils sont connus) aurait toujours exprimé le désir d’accéder à la double nationalité (Américaine et

English: Photo of Henry Louis Gates, Jr.

Photo of Henry Louis Gates, Jr. (Photo credit: Wikipedia)

Camerounaise). Parce qu’étant économiquement plus nantis que le Camerounais (ou l’Africain moyen), ils auraient ainsi l’opportunité d’aider d’avantage leur pays d’origine.

Pour les Africains en général, il s’agit ici d’une opportunité qui nous est offerte pour présenter directement à nos frères Américains notre version des faits, et qu’ils comprennent que la traite négrière était une transaction inhumaine dans laquelle les Africains ont pris part le plus souvent contre leur gré. Il s’agit donc ici d’une opportunité qui nous est offerte d’entreprendre ensemble le chemin du pardon et de la réconciliation. C’est l’occasion pour nous de véritablement nous regarder dans les yeux, d’assumer le mal qui a été fait et de d’ouvrir nos cœurs à ces enfants qui sans le vouloir et parfois sans jamais le savoir ont été arrachés à leurs familles, à leur terre.

Beaucoup d’américains d’origine Africaine se sont soumis ces dernières années à ces tests d’ADN pour retrouver leurs origines, certains avec beaucoup de succès. C’est le cas de ceux qui ont pu retracer leurs origines jusqu’au pays des Lions Indomptables.  De Oprah Winfrey, la célèbre présentatrice de télévision américaine, à d’autres personnalités tels que Blair Underwood, Quincy Jones, Spike Lee, Chris Tucker, Vanessa  A. Williams (pas l’ex Miss America, mais plutôt l’actrice connue pour ses rôles dans les séries Melrose Place, Cosby Show et le film Soul Food), Don Cheadle, Chris Rock, Bishop T. Jakes, l’artiste Common, en passant par madame Condoleeza Rice, la toute puissante Secrétaire d’état sous le gouvernement du Président  George W. Bush et bien d’autres.

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Oprah est multinationale en ce qui concerne ses racines africaines. La célèbre présentatrice de « Oprah » l’un des shows les plus populaires en Amérique et promotrice de « OWN » (The Oprah Winfrey Network) et du Magazine « O » qui croyait être Zulu (une ethnie Sud-Africaine) est d’origine multiple. Mais, aucune des tribus dont elle est originaire ne se retrouve dans l‘Afrique du Sud actuelle. Ses racines ont été retracées en Guinée – Liberia (tribu Kpelle), en Zambie (tribu  Nkoya) et au Cameroun ou elle est originaire de la tribu Bamiléké. Oprah ne bénéficie d’aucune  influence Européenne (0% de trace génétiques de type européen retrouvée dans son ADN).

Blair Underwood, célèbre acteur des films et séries télévisées aux Etats-Unis a été le plus chanceux de tous. Grâce à la technique ADN, il a non seulement retracé ses origines, mais bien plus, le test lui a permis de rencontrer  Eric Sonjowoh (son cousin de la 10eme génération) et ainsi de retrouver la famille perdue depuis plusieurs générations. En août 2011, Blair a séjourné dans le village de ses ancêtres (Babungo dans le

Blair Underwood at the premiere for Earth

Blair Underwood at the premiere for Earth (Photo credit: Wikipedia)

Nord-Ouest), où il a reçu un traitement princier digne du retour de l’enfant prodige. Blair a pour l’occasion rencontré ses parents et ses cousins lointains et proches dont il n’avait eu connaissance que quelques mois plus tôt. Ce voyage a fait l’objet d’un documentaire diffusé sur la chaine américaine NBC.

Quincy Jones, le célèbre producteur du défunt Michael Jackson et notamment de l’album «Thriller»,  l’album le plus vendu de tous les temps,  serait à 66% d’Afrique Noire  et plus particulièrement de la tribu Tikar qui peuple actuellement les régions de l’Adamoua (Bankim), du Centre (Ngambe) de l’Ouest (Noun) et du Nord-Ouest ; et à 34% d’origine Européenne.

Official photographic portrait of US President...

Official photographic portrait of US President Barack Obama (born 4 August 1961; assumed office 20 January 2009) (Photo credit: Wikipedia)

Selon les révélations du Times Magazine, Barack Obama, Président actuel des Etats-Unis, aurait des gènes Camerounais en lui. En fait, les recherches du cabinet African Ancestry Inc. aurait découvert que le Président Américain serait l’un des descendants du côté maternel de Mr. John Punch, le tout premier esclave reconnu des Etats-Unis d’Amérique. La mère du Président Obama, Stanley Ann Dunham descendrait de Mr John Punch. Ces mêmes recherches sur l’ADN de Mr Punch retraceraient ses origines au Cameroun, faisant d’Obama un Caméricain à part entière.

Ces dernières années, à la faveur de l’initiative des ARK Jammers du talentueux guitariste Jay Lou et compagnie, une organisation dont le but est d’aider les Afro-Américains à se refaire le voyage inverse vers avec le pays d’origine, plus de 150 Afro-Américains ont entrepris le voyage-découverte, le voyage-initiatique, un véritable voyage au pays natal pour paraphraser l’illustre Aimé Césaire, vers le Cameroun.

Véritables explorateurs des temps modernes, les Caméricains sont venus à la découverte du port à partir duquel leurs ancêtres ont été embarqués pour le « voyage du non-retour ». À l’occasion, une mise en scène est généralement faite à leur honneur au port de Bimbia, pour qu’ils puissent comprendre le contexte de l’embarquement par la force des esclaves vers les Amériques.

L’ironie de l’histoire est que la grande majorité des Camerounais n’ont jamais entendu parler de la localité Bimbia (la toute première église baptiste au Cameroun s’y trouve) et ne saurait la situer sur une carte. De Bimbi, elle est devenue Bimbia après les colons et esclavagistes. Bimbia se trouve dans la région du Sud-Ouest, à quelques kilomètres de Limbé. Compte-tenu de ce qui précède, l’importance de ce lieu n’est plus à démontrer. Des millions d’esclaves auraient été embarqués sur ce port pendant la traite. Ainsi, le site de Bimbia se doit d’être l’une des priorités du gouvernement du Cameroun en matière d’histoire locale, de monument historique, d’attraction touristique. Bimbia devrait être au Cameroun ce que Gorée est au Sénégal. Malheureusement, force est de constater que rien depuis notre indépendance n’a été fait pour valoriser ce site, et surtout de permettre aux Camerounais de tout bord d’apprendre une facette cachée mais combien importante de leur histoire.  Dans ce sens, le gouvernement Américain vient de débloquer une enveloppe d’environ 40 millions de Franc CFA ($76000) pour aider à la restauration de ce vestige de la traite négrière. C’est un geste extérieur qui appelle absolument à des gestes locaux. Nous devons écrire et endosser notre propre histoire. Il est temps d’investir dans ce sens et de cesser d’attendre la manne extérieure .

 

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